Dans ce village dit de La Montagne, l’histoire est inextricablement liée à l’arrivée des premiers voyageurs français. Plusieurs colons étaient déjà installés sur le territoire qui allait devenir la paroisse de Notre-Dame-de-Lourdes. En 1879, un grand nombre parmi eux avaient choisi des con-cessions dans la partie sud-ouest du territoire. Cependant avec l’arrivée du train et la promesse d’un sol extraordinairement fertile, le pays va attirer une ruée de colons de l’Amérique et de l’Europe.
Dans ce contexte de compétition, créée par l’arrivée massive des colons anglais, Monseigneur Taché, archevêque du diocèse de Saint-Boniface qui comprenait toute la prairie de l’Ouest et les vastes territoires du Nord à ce moment-là, se devait de songer aux besoins spirituels de ses nouvelles ouailles. Afin de contrecarrer l’influence grandissante des immigrants d’autres religions et d’autres nations, il lui fallait attirer, au plus vite, autant de catholiques de langue française que possible.
C’est justement ce projet qui animait Dom Benoît, le fondateur de la paroisse catholique de Notre-Dame-de-Lourdes. Ce dernier, qui s’est lancé dans une campagne de recrute-ment auprès des colons français et suisses, arrive avec ses recrues et se voit décrété premier curé de cette paroisse par Monseigneur Taché le 15 août 1891.
En l’espace de dix ans, la population de Notre-Dame-de-Lourdes grimpera à 1 000 habitants devenant la paroisse catholique rurale la plus importante. En effet, grâce à cette persévérante oeuvre de colonisation, cette dernière s’est vue vite projetée dans une ère nouvelle. En plus des bienfaits d’une population de plus en plus nombreuse, des progrès dans les domaines de l’éducation, de la culture et des loisirs, le développement du commerce et des communications, l’introduction de nouvelles technologies agricoles, l’avènement de l’électricité et des moyens de communication et autant d’autres facteurs ont amené Notre-Dame-de-Lourdes à des horizons de prospérité que les anciens appelaient « les belles années ».
Aussi, avec la richesse de ces années 1910-1920, la communauté a vécu une vie sociale et culturelle fort intéressante. Jamais les réunions d’associations, les cercles de loisirs, les cérémonies et fêtes religieuses, les banquets paroissiaux, les pièces de théâtre, les concerts de musique, les parties sportives, etc, n’ont été si nombreux. Ils traduisaient un réel bien-être communautaire et une harmonie sociale en dépit des clivages linguistiques qui avaient quelque peu tenté d’assombrire les cieux paisibles de cette collectivité.
Hélas, cela n’allait pas durer. L’avènement des deux guerres mondiales et la grande crise économique de 1929 viennent successivement affliger les paroissiens de Notre-Dame-de-Lourdes et réduire leurs belles années de prospérité. Cependant, dans ces temps de crise, l’esprit de solida-rité se manifesta de plus belle et on assista partout à un élan de charité vers les moins fortunés, un élan qui va vite porter l’espoir de venir rapidement à bout des lendemains difficiles.
C’est à l’Église et à certains paliers de gouvernement que revient le mérite de mobiliser la population et de proposer des solutions aux situations les plus désespérantes. Progressivement, grâce à l’engagement très actif de toutes les composantes de la communauté, Lourdes à vite repris le dessus et a commencé à espérer en des lendemains meilleurs.
Toutefois, il ne faut pas l’oublier, c’est le combat face à l’assimilation qui a suscité un enthousiasme sans pareil dans les différentes couches de la collectivité francophone de Notre-Dame-de-Lourdes. Les écoles de la localité qui, malgré leur statut d’écoles publiques, fonctionnaient à cette période comme des écoles paroissiales, étaient en première ligne dans la lutte pour la sauvegarde du français. En leur enceinte, se manifestait le fier sentiment de l’attachement à l’identité communautaire francophone. Grâce à la conscience des membres de la collectivité et à leur respect des valeurs traditionnelles, le legs des anciens est resté vivant et fut glorieusement transmis à la postérité.
La fin de cette époque difficile fut un tournant qualitatif dans la résurgence de la collectivité de Lourdes. Sur les tragiques décombres de ces années de crise, surgit peu à peu une société moderne. Notre-Dame-de-Lourdes, autrefois petit milieu agricole, assez fermé et conservateur, est depuis lors entrée, elle aussi, dans une étape nouvelle de son évolution et on assiste, dès les années 50, à des changements profonds qui vont marquer son avenir.
Aujourd’hui, cette belle communauté charme ses visiteurs avec son accueil chaleureux et par son accent chantant qui soulignent fortement les survivances d’antan. Ses membres continuent à s’attacher à leurs racines, partageant les valeurs traditionnelles et s’ouvrant en même temps sur celles plus modernes. Ambitieux et déterminé, leur engagement vis-à-vis des leurs est implacable, se traduisant par une générosité du don et une richesse de l’initiative. C’est à ce titre qu’ils ont créé un fonds communautaire, sous l’égide de Francofonds, dont la vocation est de contribuer solidaire-ment aux projets communautaires qui formulent des rêves d’avenir.